mercredi 13 juillet 2011

Text-Book-Dream -- mangée par sa propre fiction?


Un rêve cette nuit.

J’avais enfin trouvé un job et mon patron était l’acteur Christian Bale – qui incarnait Bateman, l’american psycho lui-même dans le film tiré du livre de Bret Easton Ellis, mais aussi Batman dans les longs-métrages de Chris Nolan, et encore le personnage du "Machiniste" dans l'onirique film du même nom, qui maigrissait tellement qu'il en disparaissait, qui n'avait pas dormi depuis un an et qui vivait sa vie réelle comme un rêve, sans s'en rendre compte... Christian Bale qui tenait le rôle principal dans l'un de mes films fétiches, Velvet Goldmine, ode de Todd Haynes au Glam Rock.

Dans ce nouveau boulot, j’avais des collègues, uniquement des hommes et des femmes célèbres, mais je ne sais plus de qui il s’agissait. Et dans mon rêve, je me souvenais de mon boulot précédent, un stage dans un bureau d’organisation de spectacles aux côtés d’Ewan McGregor.

Je ne savais d'abord pas ce que nous faisions, au juste, comme travail, au service de Christian Bale. Nous vendions quelque chose.

A un moment, Christian Bale vient me voir et me dit que ça y est, il est prêt à me confier ma première grande mission.

Nous allons me couper en morceaux (il dit ça et dans mon esprit j’ai l’image de cubes de blanc de poulet découpés pour faire un curry sauté ou un truc du genre), me cuisiner et me donner à manger au client, dans le cadre d’une nouvelle recette que nous voulons tester.

Je comprends alors que ce que nous vendons, ce sont nous-mêmes, apprêtés selon des recettes toujours plus « innovantes » pour séduire les palais exigeants de nos clients.

Mes collègues me regardent, angoissés, se demandant ce que je vais répondre.

Christian Bale me demande de bien réfléchir. Il me dit que si j’accepte cette mission, nous continuerons de travailler ensemble longtemps.

La suite du cauchemar se résume simplement : a priori, je ne suis pas contre, mais une question me tracasse. Comment va-t-on me reconstituer ensuite, je veux dire une fois qu’on m’aura tuée, coupée en morceaux et mangée ?

Je ne trouverai pas la réponse avant de me réveiller en sursaut, encore tourneboulée par l'idée de moi-même sous forme de cubes de poulet poêlés survolés par mon âme désemparée qui se demande comment on fera pour recoller les morceaux et lui redonner un corps dans lequel s'incarner.

Perplexité depuis. Des pistes. Rien de bien psychanalytique ou de bien scientifique ou de bien sérieux. Des impressions sur ce qui a pu "mijoter" ces derniers jours pour donner lieu à ça... ça qui, en plus, n'était pas spécialement désagréable -- je ne détestais pas avoir Bale dans mon entourage immédiat!

J’écris actuellement un roman violent, clairement inscrit dans la lignée de Bret Easton Ellis, pour détourner la douleur du deuil d’une amie morte, et l’un des sujets de ce roman est le rapport carnivore du public à ses idoles de la culture, pop ou autre. Tous les principaux protagonistes sont issus du milieu de la musique pop. Et la narratrice qui est une défunte se rend compte qu'être morte, c'est être coincée impuissante à regarder "le film des vivants."

Le tout est aussi un hommage aux désaxés de la musique et du cinéma qui ont bercé ma jeunesse.

Par contre, je n'ai pas mangé de poulet récemment...

Et Batman ? Bateman sans e? Réminiscence d'une lecture de Perec? La Disparition? De qui ou de quoi? Dieu seul le sait, le diable s’en doute, et les chauves-souris se taisent.