dimanche 31 mars 2013

Pâques, Blaise Cendrars et les Roms

(Histoires de Roms - 2)


Seigneur, la foule des pauvres pour qui vous fîtes le Sacrifice
Est ici, parquée, tassée, comme du bétail, dans les hospices.
D'immenses bateaux noirs viennent des horizons
Et les débarquent, pêle-mêle, sur les pontons.
Il y a des Italiens, des Grecs, des Espagnols,
Des Russes, des Bulgares, de Persans, des Mongols.
Ce sont des bêtes de cirque qui sautent les méridiens.
On leur jette un morceau de viande noire, comme à des chiens.
C'est leur bonheur à eux que cette sale pitance.
Seigneur, ayez pitié des peuples en souffrance.

Blaise Cendrars, "Les Pâques à New York".

*
Samedi 30 mars.

Ils sont là. J’ai du mal à le croire, spectatrice de leur vie qui malgré tout se poursuit dans cette salle paroissiale où le Père Matthieu Thouvenot a bien voulu les accueillir. Le prêtre qui a décidé qu’il était hors de question que ces personnes soient jetées à la rue.

Ils sont là et ils ne nous ont pas encore vus. Je suis avec Philippe et le petit, nous apportons une dizaine de gâteaux marbrés bon marché de chez Carrefour en attendant d’en savoir davantage sur leurs besoins - dont je sais d’avance qu’il faudra une sacrée mobilisation des potes et connaissances pour les combler. Dans la destruction du bidonville qui était devenu chez eux, dans la grande casse de leurs cabanes, au moment de leur expulsion, ils n’auront sans doute pas pu emporter grand-chose.

Ils sont là, j’en vois quatre ou cinq qui sont venus prendre l’air dans la cour derrière l’église qui jouxte cette salle des fêtes où ils se sont réfugiés, les autres sont à l’intérieur. Ils seraient une cinquantaine en tout. Nous nous avançons et ils ne m’ont pas encore vue. Me reconnaîtront-ils ? Replaceront-ils mon visage, comme ça, hors contexte, hors leur drôle de village où Anaïs et moi venions toutes les semaines ou presque (et même plus souvent pour Anaïs) passer un moment chez eux ?

Nous continuons d’avancer et je vois l'une d'entre elles. Je lui souris. Elle me reconnaît tout de suite. Son visage s’illumine, espoir et surprise à la fois (« elle continue de venir nous voir ? mais… elle nous a trouvés ? ») Sa grossesse a bien avancé, elle tient son autre bébé sur la hanche. Elle est toujours aussi belle. Je me rends compte que nous ne savons pas le prénom l’une de l’autre et qu’on s’en fiche. Nous savons l’humanité et la fragilité l’une de l’autre, c’est bien suffisant. Je sens mon visage qui change aussi. Mes joues qui se tirent sous l’effet d’un immense sourire qui est venu tout seul. Je cours vers elle et je lui fais la bise, je lui tiens la main. Je lui présente Philippe et notre fils. Tous deux sont encore discrets. Philippe, surtout, à qui je parle d’eux, de leur bonté et de leur misère depuis un moment, mais qui n’en a pas encore été témoin puisqu’il s’occupait de garder le petit pendant que je partais en virée avec Anaïs chez nos amis les Roms.

La belle femme enceinte nous entraîne à l’intérieur de la grande salle. Je ne sais pas s’ils sont vraiment cinquante. Ils sont éparpillés, assis à terre sur des couvertures. Les enfants jouent et courent et rigolent. Voici la belle A. mélancolique avec son bébé au sein et son mari. Et la bonne maman rondouillette et si souriante, avec ses joues qu’on croquerait et ses seins énormes, et J. la silencieuse, et le vieil homme que tout le monde appelle « le papa », qui porte l’un des anciens pantalons de mon mari… Soudain deux ou trois d’entre eux me voient. Nous nous tombons dans les bras. Ils sont tout sourires et moi, je dois retenir mes larmes. Puis ça fait un effet domino, chacun me reconnaît,  vient vers moi, et que ce soit en français ou pas, ils me disent tous la même chose : « tu nous a suivis ?! »

Et puis vient ce moment où les gamines me voient et se jettent dans mes bras, elles s’accrochent à moi en grappes, une des grandes de dix ans me saute cou et entoure ma taille de ses jambes. Mon fils sourit, étonné mais capable de lire le bonheur sur le visage de sa mère. Je le présente à tout le monde. Les enfants et lui s’entendront si bien qu’il faudra tout pour le convaincre de partir tout à l’heure.

Philippe est allé parler avec les deux bénévoles qui se chargent de leur distribuer les dons et de leur préparer des repas. Il me laisse à mes retrouvailles. Je vois bien qu’il est troublé.

Je n’ose pas leur poser de questions sur l’expulsion de jeudi. C’est une des grandes de 12 ans, celle qui posait toujours des millions de questions sur l’évolution de son propre corps, qui me demande, tout de go : « T’as vu, là bas, ce qu’ils ont fait ? Tu y es retournée? » Je dis non. Je dis que j’ai appris aux infos et que je voulais juste les retrouver. Je dis que nous reviendrons demain. Je dis que je fais des démarches. Qu’Anaïs et moi ne les oublions pas. Qu’Anaïs rentre dans quatre jours et que je sais déjà qu’elle se précipitera pour les voir. Ils sourient. Anaïs est celle qui me les a fait connaître. Ils l’adorent et c’est réciproque.

Il manque deux personnes dans cette salle et j’essaie de m’informer de leur sort. Mes amis F. et C.. J’ai eu F au téléphone le jour de l’expulsion, il me disait que sa femme et lui allaient bien, de ne pas m’inquiéter, qu’on s’appellerait, qu’on se verrait bientôt… Personne ne sait trop où ils sont.

Dès que nous avons fait nos adieux et que nous sommes dans la voiture, je les appelle. Et là, le choc. Pour la première fois depuis que je le connais, F. me dit : « Oh, Mélikah, ça va pas, ça va pas du tout, on n’a plus de maison, plus rien, et la C. est très malade. »

Ni une ni deux. Rendez-vous au métro le plus près. Pour comprendre. Pour chercher des solutions.

Nous les attendons et tout à coup je les vois. Et c’est étrange : je me vois devancer Philippe et mon fils pour courir vers eux comme dans un film, je ressens la fierté d’enfin les présenter, la peur de savoir ce qui leur arrive, la peine de voir dans quel état ils sont, et le déchirement devant cette détresse qui se sent jusque dans la démarche, autrefois si fière, de F.

Je me jette dans ses bras et pendant qu’il serre la main de mes deux chéris, je prends C. contre moi. Elle pleure. Elle est pâle comme la mort. Elle a une grippe, une rage de dents et manifestement un truc qui s’apparente à une descente d’organes. Elle souffre le martyre, elle a une ordonnance qu’aucune pharmacie  n’a voulu honorer, et plus un rond en poche.

-         -  Mais F. pourquoi tu ne m’as pas appelée ?
-          - Plus de forfait sur le mobile.

Ils me racontent tout. Le jour de l’expulsion, ils étaient partis à l’aube, tous les deux. Ils sont revenus pour trouver tout le camp détruit par les bulldozers, et tous leurs voisins partis Dieu sait où. Ils n’ont même pas pu récupérer les photos de leurs enfants et petits-enfants, pas même quelques vêtements. Même pas le billet de 50 euros que F. conservait amoureusement pour l’envoyer à sa fille, en Roumanie. Ils se sont retrouvés dans un endroit qui donne l’impression que leur bidonville était un village vacances de luxe. Une sorte d’agglomération d’entrepôts désaffectés, cachés derrière un immeuble abandonné, où d’autres Roms les ont accueillis mais qui, leur a-t-on annoncé, subira le même sort que leur ancien bidonville mardi matin au plus tard. J’ai mal au cœur lorsqu’ils me le font visiter. Je pense : « je dois les convaincre d’aller rejoindre leurs potes à l’église. Ensuite Anaïs, ses collègues des assos et moi devons vite trouver une solution. Une vraie. Laquelle ?! Laquelle ?! »

Mais l’urgence, c’est C., en larmes, qui se consume de douleur devant nous.

Je n’ai même pas besoin de consulter Philippe pour savoir que ça y est, il est embarqué, il a vu, il sait de première main, pas possible de revenir en arrière. Non seulement il me soutiendra dans cette lutte mais il la mènera à mes côtés, les mains dans le cambouis.

Nous donnons à F. de quoi renouveler son forfait téléphonique et nous emmenons C. chez un pharmacien. Et là, nous assistons à une sorte de petit miracle pascal : un pharmacien de la Guillotière qui accepte de nous ouvrir les portes de sa pharmacie fermée (nous sommes un samedi entre midi et deux). Son collègue et lui nous reçoivent avec une délicatesse, une gentillesse, un respect et une bonté rares. C. en pleurera au retour, dans la voiture. Nous avons rendez-vous mardi chez lui pour finir d’honorer son ordonnance (une ceinture lombaire qui demande qu’un ostéo prenne des mesures compliquées, séance que le pharmacien s’est engagé à nous organiser), et pour trouver un dentiste digne de ce nom.

Nous allons la déposer là où F. l’attend, dans leur nouveau « chez-eux ». Nous nous embrassons et nous promettons de nous téléphoner le lendemain. Mon fils adore déjà C. Dans son petit siège de voiture pour enfant, il crie plusieurs fois son nom en disant « Au revoir ! à bientôt ! à bientôt ! »

Sur le chemin du retour, nous parlons peu, mon amour et moi. Je vois le visage de Philippe, au volant, qui a du mal à se concentrer sur la route. Ses mâchoires serrées. Cette colère sourde. Son impatience lorsqu’il éteint la radio où l’on parle salaires des sportifs, élections au MEDEF, drame du changement d’heure dans la nuit de samedi à dimanche, et autres sujets du genre.

Il me somme d’écrire cette histoire à mesure qu’elle avancera. De faire vivre mes amis Roms sous vos yeux. De vous les faire connaître et, qui sait, comprendre.

Il me dit qu’il est sous le choc. Que lorsqu’on pense se douter de ce que c’est, même quand votre femme vous le raconte à son retour, on ne mesure pas vraiment. On ne mesure foutre rien.

Et je ne sais pas si je dois me réjouir de savoir qu’après m’avoir soutenue sans hésiter, il vient de décider de carrément me suivre, ou si je dois écouter mon cœur qui se serre quand je vois son visage. Et je me dis voilà. 

Lui non plus ne sera plus jamais le même. 

P.S. J’ai eu le bonheur de revoir le jour de violon aussi, à l’église, et de le serrer dans mes bras. Son instrument a été écrasé par un bulldozer. Son gagne pain. Je lui ai promis de vous mettre un message : si vous êtes dans les parages lyonnais, que vous savez où et comment je pourrais lui en trouver un autre, si vous connaissez quelqu’un qui voudrait lui faire ce don, je vous en prie, faites-moi signe. Je le lui remettrai et lui demanderai de me jouer ce morceau qu’il m’a joué la première fois que nous nous sommes rencontrés, pour me remercier de lui avoir offert des chocolats.



                                                                                                                                    

jeudi 28 mars 2013

Animale France


(Histoires de Roms - 1)

All animals are equalbut some animals are more equal than others. 

George Orwell, "Animal Farm"



 *

« Villeurbanne : une cinquantaine de Roms évacuée jeudi matin »

« Cette évacuation fait suite à une décision de justice selon la préfecture. Elle a eu lieu rue Léon Blum. Selon l'association CLASSES, une cinquantaine de personnes a été expulsée de ce campement. L'association précise qu'il y avait de nombreux bébés et des femmes enceintes. Pour le moment aucune solution de relogement n'a été proposée par les autorités. Les associations se réunissent justement afin d'en trouver une. »
-        


  *
           - Allô, F. ? C’est moi, c’est Mélikah…
-          - Mélikah, bonjour, bonjour, ça va ?
-          - F., je viens d’entendre les infos à la radio. J’ai compris que ce matin, ils vous ont évacués ! On nous avait dit que la trève hivernale prenait fin le 31 mars, je ne comprends pas !
-          - C’est trop tard. Ils ont tout cassé dans la place. C’est fait déjà.
     - F., t'es où ? C. et toi, vous avez trouvé un endroit où aller ?
     - Je suis à G., pour le moment ça va.
     - F., j’ai écrit à des gens qui font partie d’associations, j’essaie de voir ce qu’on peut faire pour vous, je t’appelle demain pour te donner des nouvelles et toi, tu peux m’appeler n’importe quand, d’accord ?
     - Demain, la semaine prochaine, quand tu peux, Mélikah.
     - Demain, F. Sans faute. Et toi, tu gardes bien ce portable, et tu m’appelles n’importe quand, n’importe quand, tu entends ?
    - D’accord.

«  Ils ont tout cassé dans la place. » 
Ce que cela signifie vraiment.



"Ils ont tout cassé dans la place." Ce que ça veut dire, en vrai.

Ils ont cassé (pour la deuxième fois) la maison de la douce W., où elle vivait avec son mari et ses enfants, dont trois étaient sur le point de commencer l’école en France ; ils ont cassé celle du joueur de violon qui aimait tant me pincer la joue ; ils ont cassé celle d’A., la beauté silencieuse et nostalgique, bébé au sein, visage parfait, qui me serrait la main chaque fois que je venais, avec un sourire triste. Ils ont cassé les cabanes que je visitais une par une avec mon amie Anaïs, distribuant couches, bougies, chaussures pour les enfants, vétilles qui pour eux étaient nécessités vitales. Ils ont viré comme des malpropres toutes ces gamines qui s’accrochaient à nos mains par grappes et nous accompagnaient de maison en maison, qui parlaient le français et pouvaient nous traduire ce que nous confiaient leurs parents et grands-parents. Et ça finissait toujours chez F et sa femme C. Ils avaient une cabane que F. avait construite de ses mains, et que C. avait décorée au fil des semaines. Tapis au sol, meubles de fortune, chaises et fauteuils et canapés-matelas où nous étions invitées à nous asseoir (F. et C. nous réservaient toujours les plus beaux sièges mais nous refusions, et ils insistaient, et nous nous faisons des tas de salamalecs, et nous finissions par rigoler, et c’était vraiment exactement comme être reçu chez des amis  "normaux"), murs tapissés, guirlandes, cadres avec les photos des enfants et petits-enfants restés là-bas, en Roumanie… Le goût de la bûche de Noël partagée un dimanche après-midi de janvier, celui des cigarettes de F. fumées tantôt dans l’hilarité et le bonheur d’être ensemble, tantôt dans la tristesse et l’inquiétude, comme ces dernières semaines, devant l’éventualité de l’expulsion qui approchait. Le goût du verre d’eau offert par C., du Coca, du café… Le goût des amitiés improbables mais bien réelles.

"Ils ont tout cassé dans la place." 

Cet endroit où j'allais rendre visite à mes voisins n’existe plus. Ses habitants (un peu plus de quarante, femmes enceintes, bébés, enfants, personnes âgées, personnes malades, dont la grande majorité souhaitait bel et bien se faire une vie ici, s’intégrer, comme on dit, inscrire leurs enfants à l’école) dispersés partout dans la ville, certains impossibles pour moi à retracer. Et W. qui du jour au lendemain, il y a quelques deux semaines, fatiguée d’avoir peur, a pris la poudre d’escampette avant qu’on vienne détruire encore une fois la maison familiale, avec ses enfants qui devaient commencer l’école en France deux jours plus tard. Plus de trace. Je ne pourrai jamais leur dire au revoir. Je ne sais dans quelle mesure je les ai aidés. Je ne sais que ceci: quand Anaïs et moi venions les voir avec nos humbles provisions, il y avait cette chose que rien, jamais, ne pourra effacer, entamer. Aucun discours généralisant débile sur les Roms ou les étrangers que savent si bien tenir certains Français (beaucoup trop nombreux) ne ternira jamais ces moments, entre Noël 2012 et ce fatidique 28 mars 2013... Arriver dans la voiture d'Anaïs. Sortir nos sacs. Pousser la grille. Entrer dans le camp. Dire bonjour, serrer la main, sourire et la fois suivante faire la bise, venir s’asseoir un moment pour discuter ou boire un truc et la fois suivante, se serrer dans les bras, main dans la main doigts noués, cœur serré, cœurs amis même si peu de mots à partager… Communiquer par quelques mots et beaucoup de gestes et de regards. Gestes et regards des êtres humains qui se reconnaissent entre eux et comme tels, faisant fi du reste, n’écoutant que cette injonction du respect qui est dû à son semblable.

"Ils ont tout cassé dans la place." 

La maison de F. dont j’ai peur d’écrire le prénom parce que je ne voudrais pas lui causer d'ennuis, F. dont le prénom est si mélodieux... Cette maison où j’ai passé des moments inoubliables à partager des victuailles, les miennes comme les leurs, où j'ai été invitée et reçue comme une amie, cette maison où j'ai passé tant de minutes précieuses avec F.  et C. et Anaïs à m’indigner, à chercher des solutions… que je n’ai pas trouvées.

"Ils ont tout cassé dans la place."

J’ai d’abord eu une furieuse envie de rentrer chez moi et de quitter ce vieux pays parfois si difficile à aimer, si compliqué. La violence d'une part de ce vieux pays qui tend à faire oublier l’humanité et la profonde bonté de l’autre. Puis j'ai décidé d'envoyer des bouteilles à la mer et d'attendre. J’attends des réponses et des messages de gens que cette aventure m’a fait connaître et qui ont pu me confirmer que oui, le respect des Droits de l’Homme peut encore vouloir dire quelque chose au pays des Droits de l’Homme. Je vais continuer, moi la petite Québécoise idéaliste. Je vais continuer.

Je vais téléphoner à F. demain, comme promis. Je vais aller lui rendre visite avec Anaïs, et avec ma famille qui veut le connaître, dès que possible et dès que je saurai où il se trouve. Je vais continuer les démarches administratives que nous avions entreprises, F., C., Anaïs et moi, pour tenter de les aider à réaliser leur rêve de vivre ici une vie normale, d’y travailler, d’y construire une vraie maison avec de l’eau courante, de l’électricité, un parquet, un téléphone fixe, que sais-je.

Je dis "une vraie maison"... Mais quand ils ont "tout cassé dans la place", ce matin, c’est bien une maison qu’ils ont jetée à terre. Une cabane construite avec amour et minutie, des palettes de bois et des bâches sur lesquelles bien des gens cracheraient, mais un endroit où il faisait  néanmoins et étrangement bon être blotties, avec la pote Anaïs, à la chaleur du poêle à bois de fortune pour déguster la bûche de Noël, boire le thé, fumer des cigarettes et procéder à l’échafaudage de projets fous.

Home is where the heart is, dit-on. Et je parie que ce matin, à l’aube, quand on les a sommés de sortir et qu’on a entrepris de détruire le camp, F. et C. ont regardé leur cabane se défaire sous leurs yeux avec le même serrement de cœur que vous, si on vous avait détruit sous le nez l’endroit que vous appelez "chez moi".