lundi 21 février 2011

Un peu de sérieux...

Je m’arrache les cheveux à essayer de rédiger la dernière chose que j’écrirai sur Serge Doubrovsky, un court texte de présentation de son dernier roman servant d’introduction à un entretien placé à la fin de mon livre sur lui qui paraîtra en mai. Ensuite il sera temps de passer à autre chose, d’écrire sur d’autres œuvres.
Il reste qu’après plus de sept ans en sa compagnie, devant cet ultime effort de lectrice-commentatrice, je me retrouve comme sans mots.
Moi qui ai toujours tenté de séparer autant que faire se peut « Serge » le narrateur, Serge le scripteur, Serge l’écrivain, moi qui ai défendu parfois avec colère la nécessité de ne pas oublier cette distinction, je me retrouve aujourd’hui, devant cet ultime roman d’un homme que désormais je connais « personnellement », dans une position imprévue : désemparée devant les derniers mots du livre,
si vous voulez fermer les yeux gommer l’absurde de notre condition terraquée et terrassante libre à vous c’est votre droit même si je ne la partage pas je respecte votre croyance mais vous devez respecter mon incroyance qu’aucune de vos religions n’a respectée pendons l’infidèle brûlons l’hérétique moi je ne cherche pas à vous imposer mes vues je hais l’athéisme d’Etat à la Staline mais devant la mort qui me guette approche j’ai mes certitudes une foi une anti-foi inébranlable quand je mourrai aucune différence entre un chien ou en cheval qui crève et un homme qui crame pas d’âme qui s’envole au ciel des mammifères faits de la même matière qui se décompose et se désagrège sous la terre mais tant que je suis en vie je sens la vie qui coule en moi chaque matin quand je me réveille à 82 ans comme à 20 ans je sens le même jaillissement le même appétit qui me propulse vers toi Elisabeth toi et ma sœur et mes filles je crois EN TOI avant ma disparition finale tu as irradié joie et bonheur dans ma vieillesse jusqu’au bout jusqu’au terme continue à faire cliqueter tes clés dans mes serrures longtemps le plus longtemps possible ouvre la porte dans l’embrasure APPARAIS tends vers moi tes lèves si belles que mon âge ne rebute pas laisse-moi humer l’odeur de ta joue si douce la fragrance de ta vie j’espère j’attends encore et encore ton APPARITION et puis après
ENDLÖSUNG
VERNIGHTUNG
DISPARITION

parce que je me rends compte que si ses livres m’accompagneront toute ma vie comme de vieux amis, il faudra bien faire face au fait que Serge n’est pas éternel et que j’ai, à côté de l’admiration pour l’œuvre, une affection profonde pour l’homme.
Il a donné dans un entretien récent une clef : « Un homme de passage », le titre de son dernier roman, a deux sens. L’homme qui passe comme on dit « il est passé par là », le temps d’une vie dans l’Histoire, mais aussi l’homme qui est un passeur : passeur d’une histoire et passeur d’un passage dans l’Histoire. Dans les deux cas, dans les deux sens, un cadeau qu’il m’a fait et qui a fait de moi une autre lectrice, une autre auteure, une autre femme.

dimanche 20 février 2011

à la demande de quelques-uns...

Depuis le temps que mes amis me demandent de tenter l'expérience blog... Alors voilà, je me lance, je vais essayer. Aucune idée de ce que cela donnera, de ma capacité à maîtriser l'instrument et de la qualité (ou de l'intérêt) de l'usage que j'en ferai... Qui vivra verra!

à bientôt, donc

M.